Accéder au contenu principal

Ce n'est pas dans les mots que la perversité existe, mais dans les têtes...


Cent déclarations d'amour par heure, 3 heures d'antenne quotidiennes, cinq jours par semaine. Faites le calcul. C'est la recette de VIP, émission radio animée par Noreddine Karam, un beur qui voulait s'entendre dire “Je t'aime” en marocain.
Jingle funky en fond, une voix allègre annonce “Mercredi 14 février. 19h10 sur les ondes de Rabat chaîne inter. Merhaba bikouuum. (…) Aujourd'hui, le monde fête Santa Valentino, la Saint Valentin. Nous, on fêtera Sidi M'mehhen. Racontez-nous vos plus belles histoires d'amour… Au fait, comment on pourrait dire ça en arabe ? Akhir merra tmehhentou fiha (la dernière fois que vous en avez bavé) !...”. L'animateur, Noreddine Karam, prend le premier appel. Une jeune fille, la vingtaine, étudiante dans une grande école de Tanger - elle tient à préciser jusqu'au nom de l'école, pour être reconnue - monopolise la ligne pendant une dizaine de minutes. Elle veut demander pardon à son ancien petit ami, un camarade de classe qu'elle présente comme son premier amour. En bref, une amourette de six mois qui se termine avec pertes et fracas. Son Jules l'ignore désormais. Noreddine l'écoute religieusement puis pose sa question favorite “Lequel de vous deux a dit 'je t'aime' le premier ?”. Appréciez la réponse : “On ne s'est jamais dit 'je t'aime', c'est un peu dépassé de nos jours”. Stupéfaction : “Dépassé ? Depuis quand ? Qui l'a décidé ?”. Pour tout argument, son interlocutrice lui sert ces trois mots : influence médiatique occidentale. Pas le temps de se lancer dans un débat, l'homme au micro lance quelques vannes sur cette “vérité inouïe”, invite la fille à faire son mea culpa... et au suivant ! Il y avait pourtant de quoi pousser l'animateur à revoir jusqu'à la raison d'être de son émission. Lui qui a quitté sa douce France adoptive pour rentrer au bled et lancer une émission radio, dans l'espoir de trouver la réponse à une question qui le taraude : comment on dit “je t'aime” en marocain ?
M'mhenn, aime-moi en marocain À l'origine, Noreddine Karam est arrivé l'été dernier sur les ondes de Rabat chaîne inter, pour animer une émission saisonnière destinée aux MRE. Mais il n'est plus reparti. L'animateur a rapidement trouvé preneur grâce à un accent inimitable - celui du beur qui parle en darija - et à un humour décomplexé. Pénurie d'animateurs aidant, il se voit vite proposer une tranche horaire en prime time, pour une quotidienne, avec un esprit talk-show. À lui de dénicher le concept. Noreddine ne se torture pas trop les méninges. L'idée, il l'a depuis des années. Déchirure et interrogation identitaire obligent, le beur qu'il est décide de parler d'amour. Deux lignes téléphoniques, une antenne libre trois heures durant, cinq jours par semaine, une recette somme toute classique sous d'autres cieux. Au Maroc, c'est une première. “Quand j'étais jeune, pendant les fêtes, mon père nous offrait des cadeaux et à ma mère aussi. Il ne l'oubliait jamais. Je ne comprenais pas pourquoi elle avait, elle aussi, droit au cadeau. Ce n'était qu'une mère. En grandissant, j'ai réalisé que c'était aussi une femme, philosophe l'animateur. C'était la première fois que je me posais une question sur le sentiment amoureux dans la société marocaine”. Des années plus tard, quand l'occasion s'est présentée, par ondes interposées, Noreddine a choisi de poser la même question à ses compatriotes. Dans sa tête, le concept de VIP consistait à répondre à cette question en apparence toute simple : “Es-tu amoureux ?”. En passant à la pratique, le jeu s'est avéré plus compliqué que prévu. “Pour commencer, j'ai eu du mal à trouver la bonne formulation en darija. Cela dit, plus j'avançais, plus j'étais convaincu du bien-fondé de mon idée”. L'homme fait le tour du langage amoureux en darija, mais ne retrouve qu'une seule et unique expression d'amour dénuée de toute connotation péjorative ou douloureuse : “Kanebghik” (je t'aime). Le reste du temps, le sentiment amoureux est traduit par “mez'âout”, “mkerfess”, “M'mehhen” et autres synonymes sortis tout droit des rassemblements virils de rass derb. Il optera finalement pour le moindre mal, admettra la note de souffrance contenue dans M'mehhen pour reformuler la question dans sa langue natale : “Wash nta M'mehhen ?”
Amours et vérités Depuis le 24 octobre, date de lancement de VIP, Noreddine collectionne les confessions amoureuses. Dans le lot, on retrouve bien sûr quelques histoires burlesques, du genre : “C'est la femme de ma vie. On s'est connus sur un forum de chat, il y a un an. On ne s'est encore jamais vus, mais je l'aime et je veux l'épouser”. Mais aussi des histoires touchantes. C'est le cas de cette mère de famille qui lui passe son mari au téléphone. Et à Noreddine de lui tirer les oreilles, en direct à la radio, parce qu'il ne lui a plus fait de cadeaux depuis leurs noces. Deux semaines plus tard, c'est ledit mari qui rappelle pour annoncer à l'antenne qu'il a offert une nouvelle bague à sa femme. D'autres fois, le coup de fil cache une demande d'arbitrage. Comme ce prétendant, amoureux transi, qui se plaint de ne pas avoir les moyens de se marier. Celui-là voudrait que Noreddine intervienne, sur les ondes toujours, auprès du futur beau-père pour qu'il revoie la dot de sa fille à la baisse… Autant d'histoires pour inspirer des telenovelas en panne de scénario. Mais la majorité des appels est faite de déclarations d'amour ou, plus correctement, de “demandes de déclarations d'amour”, dirait notre homme. “Au bout de quelques semaines, je me suis rendu compte que lorsqu'un auditeur ou auditrice appelle pour faire une déclaration d'amour à l'antenne, il utilise en réalité la médiation publique pour pousser son partenaire à assumer leur histoire, à assumer ce qu'il ressent”. Quelques fois, entre deux sérénades à l'eau de rose, il est intrigué par un appel au secours. C’était encore le cas, il y a près d'un mois. En écoutant son télé-répondeur, Karam tombe sur le message d'une jeune fille qui déclare avoir été violée et qui, faute de pouvoir en parler à sa famille, s'est tournée vers l'émission. “J'ai d'abord hésité. Ce n'était pas l'objet de VIP. Après coup, j'ai compris que cette jeune fille cherchait juste une oreille, quelqu'un à qui se confier. Je ne pouvais pas m'y refuser”. Noreddine ouvre donc l'antenne à ce premier témoignage et finit par consacrer deux éditions de VIP au viol. “Parmi ces femmes, il y avait une dame de 52 ans. Violée trente ans plutôt, elle n'en avait encore jamais parlé. Ce soir-là, elle a raconté son histoire à l'antenne en soutien aux autres victimes. Elle était la preuve vivante qu'elles pouvaient toutes s'en sortir. Elles ne se sentaient plus seules. Mon travail était fait”, conclut l'animateur.


À raison d'une centaine de coups de fil par heure, VIP est devenue une sorte de baromètre amoureux de la société marocaine. Et Noreddine d'en sortir quelques vérités souvent tues : “Les Marocains meurent d'envie d'aimer. Mais l'amour est inconsciemment relié au sexe chez nous. Le sexe étant le tabou qu'il est, le sentiment amoureux est mal assumé”. C'est par ce même constat que l'animateur commente les critiques que lui a adressées une certaine presse, l'accusant “d'incitation à la débauche” ou encore de “harcèlement”. “Une fois, on m'a reproché de demander à un auditeur s'il aimait le raïb (lait caillé), sous prétexte que le mot avait un double sens”, s'étonne-t-il, avant de conclure :


“Au fond, ce n'est pas dans les mots que la perversité existe, mais dans les têtes”.


Source : TelQuel Magazine


Tu sais Noreddine, je n'arrive plus à touver mes mots, mais en lisant cet aricle je vois que tu as tout compris mon ami.
Tout ce que je peux te dire c'est que je t'adore pour ce que tu es , je te respecte trop, je suis très fière d'avoir un Marocain comme toi parceque vraiment les gens comme toi sont si rares...
Continue dans cette voie, laisse parler les jaloux et les gens bornés, on sait tous que tu as un grand coeur et surtout un esprit clair et ouvert, donc tu arriveras inchaallah khouyi ...
Je te défenderai jusqu'à ma mort s'il le faut.





Commentaires

Anonyme a dit…
Slt fadoua, je suis tous affait d’accord avec toi en te disant de laisser parler les jaloux et les gens bornés . jusqu'à aujourd’hui j’arrive pas a comprendre pourquoi tous ce scandale, c’est une simple émission comme une autre qui a sa part de défauts et de qualités .
C’est vrai que je sui pas cette émission chaque jour car j’ai pas le temps mais je peu vous dire que les fois que je l’écouté il a vraiment bouleversé toute mes pensé en bien , bon a la fin je veux dire aux gens qui critique ce brave homme de ne pas voir seulement le coté de celui qui parle « bdarija » ou bien « sébt l 7ay7a » cette dernière qui cause bcp de dispute mais moi je voix pas le problème tant qu’il invite des artistes d’origine marocains et parfois même des artiste oublier en plus on a des tas de programme réservé le samedi et sa rime dans le même sens, par contre il faut écouté attentivement ses mots et vous allé voir son coté humain.
pour toi norddine j’ai rien a ajouté seulement bonne courage , continue dans cette voix té quelqu’un de bien tu mérite tous le bonheur du monde puisque ta réussi de faire la chose que la plupart en échoué a réalisé et c’est tous simplement ta pu entré la joie a bcp de maison .
Anonyme a dit…
Fadoua> j'ai une question : "tu es amoureuse de Nouredine?" :)

Non je rigole, personnellement je trouve que le mec a une voix particulière, et un accent sympa.

Je crois qu'il a raison sur son analyse, d'autant plus que c'est pas lui qui a inventé l'amour au maroc, ca existe depuis belle x temps, la radio ne fait que mettre à jour la réalité...

Maintenant si le débat c profiter de ces histoires pour augmenter l'audimat et le succès de l'émission, c un autre sujet...

Personnellement je crois que tout le monde y trouve son compte : les auditeurs ont envie de parler à un inconnu et se mettre à nu et personne ne les force à le faire car ils sont adultes et vaccinés...

La radio se porte bien...et c bien pour elle :)

Quant aux détracteurs, y'en a tjrs et c pas demain qu'ils vont arreter leur sauce.
Anonyme a dit…
Encore un post sur karam? :)) Allah yssebber ton blog
Ta phrase sur rrayeb 9etlatni bdda7k :) les marocains nés à l'étranger n'en finiront jamais avec les chocs culturels :))
Fadoua a dit…
Houda: Slt ma chère pour ton passage sur mon blog. Imagine si on avait comme encadrant Noreddine karam "makanch ghady ykoun hada 7alna yak :(?

Medlykos: Merci bcp pour ton joli commentaire j'ai trop aimé ;)
pour répondre à ta question cet Homme m'a donné envie de réecouter la radio, il a un grand coeur et un esprit clair et ouvert... bref pr moi si un homme arrive à rassembler ces 3 critères alors il a toutes les chances pr mériter le coeur d'une fille...
NB: Noreddine ne savait pas qu'un jour il va exister une certaine "Fadoua" ben sinon il aurait dû m'attendre :):):)
Voilà j'espère que je t'ai répondu ;)
Et toi medlykos "wach nta ma7aaaaaaaaaaaaaaan" comme dirait Noreddine ;)??

Lili: Et oui ma chère tjrs du "KARAM" sur mon blog :)
que faire?? c'est la seule personne qui me donne envie d'écrire :)

Et pour toi Noreddine je te dis Allah y7fdek w ykhelik lina ma plus Belle Etoile.
Ahmed a dit…
C'est quelle station radio ?
Ahmed a dit…
Dans les mi-90s j'étais fan d'un certain Jalil de radio Medi1, que j'écoutais sur la bande LW à l'époque !
Fadoua a dit…
Merci lowe pour ton passage.
Il s'agit de la radio "Rabat Chaîne Inter"

Posts les plus consultés de ce blog

Repose en Paix ALIFI HAFID

Un petit Hommage à un grand Monsieur de l'audiovisuel marocain, Alifi Hafid qui nous a quitté ya un an déja (16 Mars 2007) . Voici une petite Interview que j'ai trop aimé faite par Yassine Zizi . Alifi Hafid n'avait aucune idée du lieu où il voulait rompre le jeûne. Chez nous, avait-il dit, si tu trouves quelqu'un qui mange dehors à 18h00 pendant le ramadan, tu peux être sûr que c'est, soit un étranger loin de sa ville soit quelqu'un qui vient d'avoir une sacrée scène de ménage avec sa femme. Finalement, et sans trop d'enthousiasme, il a choisi « Chez Ouazzani » à Rabat. Au menu, un ftour, mais on a déjà vu mieux. Pourquoi le choix de Ouazzani ? Ca me rappelle une période sympathique. J'habitais à côté et à l'époque, je bouffais des yeux et des narines ces belles brochettes qui grillaient devant moi. Il y avait toujours un monde fou chez Ouazzani et je disais « Qu'est-ce qu'ils ont comme chance ». Pas terrible en tout cas

Comment vous êtes vous rencontrés ???

Bonjour les amis, j'espère que vous avez passé un bon weekend ;)?? J'etais entrain de feuilleter dans mes bouquins et je suis tombée sur un bon vieux bouquin d'anglais et surtout sur un topic magnifique ;) How we met ?? Allez je vous file deux belles histoires d'amour, très agréable à lire ;) Oliver and Wendy MINT Well,it was five years ago. A Sunday evening five yeras ago. I was in the bath and the radio was on. Er... I always listen to pop music in the bath. Suddenly i heard this voice, the disc jockey's voice. It was beautiful, really beautiful. Warm and friendly. I thought, 'Oh! what a lovely voice!' I think i feel in love then, with his voice. Well, i listened to the end of the programme and i heard his name,'Oliver Mint' I loved the name, too. Well, er... usually i'm quite shy, but this time i wasn't. I went to the telephone and i rang the radio station. I couldn't believe it! suddenly there was his voice on the telep